Page:Ibsen - La Dame de la Mer, traduction Prozor.djvu/19

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étranger, vaincue qu’elle est par la générosité d’un autre homme, de son mari, qui la laisse maîtresse d’elle-même. L’air du fiord, à l’horizon étroit, où elle étouffait tout à l’heure, lui est soudain devenu respirable. Elle est apprivoisée. Elle se consacrera au culte du foyer bourgeois d’un petit médecin de campagne, borné, un peu ivrogne, mais si débonnaire qu’il en est héroïque.

Elle se reconnaîtra des devoirs de famille. L’une des deux filles issues d’un premier mariage de Wangel, Bolette, épousant sagement un galant professeur à lunettes d’or, Ellida élèvera la cadette, Hilde. Nous verrons dans Solness les singuliers fruits de cette éducation, dont le pauvre Constructeur subira les conséquences. Mais ici rien ne nous les fait prévoir encore. Nous assistons, édifiés, à une belle moralité, et même à deux. D’abord, voici la lutte éternelle entre la détermination et le libre arbitre et le triomphe de ce dernier. La détermination revêt son plus vilain aspect, celui de la suggestion passionnelle, je dirais