Aller au contenu

Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ne dirai plus rien. Mais j’ai tenu à vous apprendre que je n’ai jamais usé de mensonges ni de subterfuges. On croit peut-être qu’il m’arrive un très grand bonheur, et c’est vrai jusqu’à un certain point. Et pourtant il me semble que je ne reçois pas plus que je ne donne. Je ne l’abandonnerai jamais, c’est sûr. Et je puis lui être plus utile, plus nécessaire que n’importe qui, quand il ne pourra plus s’aider, comme cela arrivera bientôt.

hialmar. — Il ne pourra plus s’aider ?

grégoire, à madame Sœrby. — C’est bien, c’est bien ; ne parlez pas de cela.

madame sœrby. — Il n’y a pas à dissimuler plus longtemps, quoiqu’il le désire. Il est à la veille d’être aveugle.

hialmar, tressaillant. — À la veille d’être aveugle ? C’est singulier, aveugle, lui aussi ?

gina. — Il y en a tant qui le deviennent.

madame sœrby. — On peut se figurer ce que c’est, pour un homme qui a de si grandes affaires. Allons ! Je tâcherai de l’aider de mes yeux, aussi bien que je pourrai. Mais il faut que je m’en aille : j’ai tant à faire en ce moment. — Ah oui ! je tenais à vous dire, Ekdal, que s’il y avait quelque chose en quoi M. Werlé pût vous être utile, vous n’auriez qu’à vous adresser à Graberg.

grégoire. — Hialmar Ekdal se gardera certainement de profiter de cette offre.