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Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/163

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grégoire. — Quant à cela, vous avez raison.

relling. — Eh oui ! Votre cas est très compliqué. D’abord, cette mauvaise fièvre d’équité. Et puis, ce qui est bien pis, ce délire d’adoration qui vous fait rôder sans cesse avec un besoin inassouvi de toujours admirer quelque objet en dehors de vous même.

grégoire. — Ah ! certes, ce n’est pas en moi que je le trouverais.

relling. — Mais vous faites de si pitoyables méprises, grâce à ces mouches merveilleuses qui vous passent devant les yeux et bourdonnent à vos oreilles !… Vous voici de nouveau chez des gens à qui vous réclamez les droits de l’idéal. Sachez donc qu’il n’y a personne de solvable dans cette maison.

grégoire. — Si vous n’avez pas une plus haute idée d’Hialmar Ekdal, comment se fait-il que vous trouviez plaisir à le fréquenter soir et matin ?

relling. — Hé mon Dieu ! J’ai honte à le dire, mais il paraît que je suis médecin. Il faut bien que je m’occupe des pauvres malades avec qui j’habite sous le même toit.

grégoire. — Tiens, tiens ? C’est encore un malade qu’Hialmar Ekdal ?

relling. — Hélas ! Tout homme est un malade.

grégoire. — Quel traitement lui appliquez-vous, à Hialmar ?