kroll. — Quelle mission ?
rosmer. — Celle d’ennoblir tous les hommes du pays.
kroll. — Tous !
rosmer. — Du moins, un aussi grand nombre que possible.
kroll. — Par quels moyens ?
rosmer. — En affranchissant les esprits et en purifiant les volontés.
kroll. — Tu es un rêveur, Rosmer. Tu veux les affranchir ? Tu veux les purifier ?
rosmer. — Non, cher ami, je veux seulement les réveiller. C’est à eux d’agir ensuite.
kroll. — Et tu les crois en état de le faire ?
rosmer. — Oui.
kroll. — Par leur propre force, n’est-ce pas ?
rosmer. — Oui, par leur propre force. Il n’en existe pas d’autre.
kroll, se levant. — Est-ce là le langage qui convient à un prêtre ?
rosmer. — Je ne suis plus prêtre.
kroll. — Oui, mais… la foi de ton enfance ?
rosmer. — Je ne l’ai plus.
kroll. — Tu ne l’as plus !
kroll, se levant. — Je l’ai abandonnée. J’ai dû l’abandonner, Kroll !
kroll, avec émotion, mais en se maîtrisant. — Ah ! ah ! — Oui, oui, oui. L’un ne va pas sans l’autre…