rosmer. — Mes opinions ont changé en bien des matières, je puis presque dire en tout.
mortensgaard. — C’est ce que m’a dit cette dame. Aussi a-t-elle été d’avis que j’aille m’entretenir un instant avec vous à ce sujet.
rosmer. — À quel sujet, monsieur Mortensgaard ?
mortensgaard. — Me permettez-vous de publier dans le Phare que vos idées ont pris une nouvelle direction, et que vous vous associez à la cause du progrès et des idées libérales ?
rosmer. — Je vous y autorise volontiers. Je vous prie même de faire cette révélation.
mortensgaard. — Elle paraîtra demain. C’est une grande et importante nouvelle à répandre que le pasteur Rosmer, de Rosmersholm, croit devoir combattre pour la lumière sur ce point comme sur d’autres.
rosmer. — Je ne vous comprends pas bien.
mortensgaard. — Je veux dire que notre parti acquiert un fort appoint moral chaque fois que nous gagnons à notre cause un adhérent sérieux, animé d’un esprit vraiment chrétien.
rosmer, avec quelque étormement. — Vous ne savez donc pas — ? Mlle West ne vous a pas tout dit ?
mortensgaard. — Quoi, monsieur le pasteur ? Elle était probablement trop pressée. Elle m’a