comparer deux choses si dissemblables ? N’aviez-vous pas, vous, pris conseil de vos proches et sondé votre propre cœur ?
madame alving, sans le regarder. — Je croyais que vous aviez compris, où ce cœur, comme vous l’appelez, s’était égaré à cette époque.
le pasteur, avec austérité. — Si je l’avais compris, je ne serais pas devenu l’hôte journalier de la maison de votre mari.
madame alving. — Enfin, ce qu’il y a de certain, c’est que je ne m’étais pas consultée.
le pasteur. — Bien ; mais vous n’en aviez pas moins suivi les prescriptions en prenant l’avis de vos plus proches parents : celui de votre mère et de vos deux tantes.
madame alving. — C’est vrai. Ce sont elles trois qui ont conclu l’affaire et non moi. Étaient-elles assez convaincues que c’eût été folie de repousser une offre semblable ! Si ma mère pouvait revenir aujourd’hui et voir où en sont toutes ces splendeurs !
le pasteur. — Personne ne peut répondre du résultat. Ce qu’il y a de certain, c’est que votre mariage a été conclu strictement selon l’ordre prescrit.
madame alving, à la fenêtre. — Ah, cet ordre et ces prescriptions ! Il me semble parfois que ce sont eux qui causent tous les malheurs de ce monde !