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LES REVENANTS

madame alving. — Mais Oui !

le pasteur. — Allons ! vous pensez à des cas exceptionnels où… hélas ! la vie de famille n’est malheureusement pas toujours aussi pure qu’elle devrait être. Mais une chose comme celle à laquelle vous faites allusion ne se sait jamais… du moins avec certitude. Ici, au contraire… vous pourriez vouloir, vous une mère, que votre…

madame alving. — Mais je ne le veux pas du tout. Pour rien au monde je ne voudrais y consentir ; c’est précisément ce que je dis.

le pasteur. — Parce que vous êtes lâche, selon votre expression. Ainsi, si vous n’étiez pas lâche… Bonté divine ! Une union si révoltante !

madame alving. — Eh ! nous en descendons tous, paraît-il, d’unions de cette sorte. Et qui a institué ces choses-là, pasteur ?

le pasteur. — Je ne traite pas de tels sujets avec vous, madame. Vous êtes loin d’être dans la disposition requise. Seulement, quand vous osez dire qu’il y a lâcheté de votre part à…

madame alving. — Ecoutez, et sachez comment je l’entends. Je suis craintive, j’ai peur parce qu’il y a en moi quelque chose, quelque chose qui m’obsède, des souvenirs terribles qui me hantent comme des revenants dont je ne puis me défaire.

le pasteur. — Comment avez-vous dit ?

madame alving. — Quand j’ai entendu là, à côté