Aller au contenu

Page:Ibsen - Les Revenants, La Maison de poupée, trad. Prozor, 1892.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
LES REVENANTS

ma petite mère, et manger de l’excellente cuisine de ma petite mère.

madame alving. — Mon cher, cher garçon

oswald. Il se lève, marche et fume avec quelque impatience. — Et que faire ici sans cela ? Je ne puis pas me mettre au travail.

madame alving. — Vraiment ? Tu ne le pourrais pas ?

oswald. — Par un temps gris, comme celui-là ? Sans qu’il perce un rayon de soleil de toute la journée ? (Il arpente la scène.) Oh, le supplice de ne pas pouvoir travailler… !

madame alving. — C’est peut-être un peu irréfléchi de ta part d’être revenu ?

oswald. — Non, mère, il le fallait.

madame alving. — C’est que j’aimerais cent fois mieux être privée du bonheur de t’avoir chez moi, que de te voir…

oswald, s’arrêtant devant la table. — Mais… dis-moi, mère : est-ce vraiment un si grand bonheur pour toi que de m’avoir ici ?

madame alving. — Si c’est un bonheur !

oswald, froissant un journal. — Il me semble que cela devrait t’être plus ou moins indifférent que j’existe ou non.

madame alving. — Et tu as le cœur de dire cela à ta mère, Oswald ?