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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

les mers les plus lointaines. Une nombreuse armée d’heureux travailleurs vous regarde comme son père ; vous avez ouvert au commerce des horizons inconnus ; vous avez créé des ressources qui alimentent des centaines de familles ; en d’autres termes, vous êtes, au sens absolu du mot, la pierre angulaire de notre société. (Voix : Ecoutez ! écoutez ! bravo !) Et c’est précisément le désintéressement dont toute votre vie a porté le sceau qui a produit des résultats si satisfaisants, surtout en ces dernières années. A l’heure actuelle, vous êtes sur le point de nous donner, je n’hésite pas à prononcer ce mot prosaïque, un chemin de fer ! (Plusieurs voix : bravo ! bravo !) Cette entreprise, il est vrai, semble au premier abord devoir présenter quelques difficultés, dont on trouverait facilement l’origine dans des considérations étroites et égoïstes. (Voix : Ecoutez, écoutez ) On n’ignore pas surtout que certains individus, qui n’appartiennent pas à notre société, ont prévenu nos industrieux concitoyens et trouvé le moyen de faire de grands bénéfices qui auraient du profiter à notre ville (Voix : oui, oui, écoutez !) Vous avez naturellement eu connaissance de cet incident déplorable, monsieur le consul, mais vous n’en avez pas moins persisté, avec une fermeté remarquable, dans votre entreprise, parce qu’un bon citoyen ne doit pas seulement avoir en vue le bonheur de sa propre cité. (Plusieurs voix : Hum ! hum ! Non ! Oui ! oui !) Aussi, est-ce en même temps au citoyen de l’Etat qu’au bourgeois de la ville, en un mot à l’homme, dans son acception la plus complète, que nous présentons nos respects ce soir. Puisse votre entreprise tourner au profit durable et réel de la société entière. Le chemin