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THÉATRE

fenêtres, il pouvait se permettre cela… suffit ! C’est pour cela qu’on l’appelait « Mads doré ».

aslaksen. — Est-ce qu’il n’avait pas fait dorer aussi ses tuyaux de cheminée ?

hejre. — Non, c’est une histoire des journaux qui a été mise en circulation longtemps avant vous. Mais il se servait de son argent et j’ai fait comme lui… Un coûteux voyage à Londres… Vous n’avez pas entendu parler de mon voyage à Londres ? J’avais emmené une véritable cour. Vous n’en avez pas entendu parler vraiment ? — Et combien d’argent n’ai-je pas prodigué aussi pour l’encouragement des sciences et des arts ! Et combien de jeunes talents n’ai-je pas poussés !

aslaksen (se levant). — Merci pour moi, messieurs

monsen. — Comment ? vous voulez nous quitter ?

aslaksen. — Je vais me dégourdir un peu les jambes.

(Il s’éloigne.)

hejre. — En voilà un qui est de ce nombre, et il me récompense comme les autres ! Savez-vous qu’il a fait ses études à mes frais pendant toute une année ?

stensgard. — Vrai ? Aslaksen a tant étudié que cela ?

hejre. — Comme le jeune Monsen ; mais il n’est jamais parvenu à rien comme… suffit ! Que voulais-je dire ?… Oui, j’ai dû cesser, j’avais déjà remarqué que cette malheureuse passion pour les spiritueux…

monsen. — Mais ce n’est plus là du tout ce que vous racontiez à M. Stensgard au sujet du chambellan.

hejre. — En effet. Oh ! c’est une longue histoire. A l’époque où la fortune de mon père était à son apogée, les affaires du vieux chambellan se trouvaient en fort