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THÉATRE

MADAME BERNICK. — Ne lui mets pas cette idée en tête, Hilmar.

HILMAR. — Hum ! C’est une génération qui pousse. On ne parle que d’exercices et de perfectionnements. Que Dieu ait pitié de nous ! Tout n’est plus que jeux et simagrées. Où trouverait-on maintenant le vrai courage, le courage qui regarde le danger virilement, en face ? Ne tourne pas autour de moi avec ton arc, tête folle ! La flèche pourrait partir.

OLAF. — Il n’y a pas de flèche, mon oncle.

HILMAR. — Le sais-tu ? Il y en a peut-être une. Enlève-la, te dis-je. Pourquoi, diable, n’es-tu pas allé en Amérique sur un des vaisseaux de ton père ? Là tu pourrais chasser le buffle, ou guerroyer contre les Peaux-Rouges.

MADAME BERNICK. — Voyons, Hilmar

OLAF. — Je le voudrais bien ! Je me mettrais à la recherche de l’oncle Johann et de tante Lona.

HILMAR. — Ta ra ta ta !

MADAME BERNICK. — Allons, retourne au jardin, Olaf.

OLAF. — Maman, est-ce que je puis aller dans la rue ?

MADAME BERNICK. — Oui ; mais n’y reste pas trop longtemps. (Il sort)


Scène V

Les Mêmes, moins OLAF

RORLUND. — Vous ne devriez pas mettre de pareilles lubies dans la tête de cet enfant, monsieur Tonnesen.