stensgard. — De la nation ! Que veux-tu dire ?
bastian. — Tu ne sais pas ce que c’est que la nation, c’est-à-dire le peuple, le bas peuple, ceux qui ne sont rien et n’ont rien, qu’on mène comme des troupeaux.
stensgard. — Par le diable, que signifie ce charabia ?
bastian. — Ce charabia !
stensgard. — Depuis quelque temps, je remarque que tu singes mes vêtements et même mon style. Il faut que cela cesse.
bastian. — Pourquoi ? N’appartenons-nous pas au même parti ?
stensgard. — Si ; mais je n’aime pas ce genre ; tu te rends ridicule.
bastian. — Je me rends ridicule quand je t’imite ?
stensgard. — Quand tu me singes… Sois sage, Monsen, et cesse d’agir ainsi… C’est si bête !… Écoutes. Quand revient ton père ?
bastian. — Je ne sais pas ; je crois qu’il est parti pour Christiania. Il restera bien huit jours en voyage.
stensgard. — Aussi longtemps ? Ce serait fâcheux. A-t-il quelque grosse spéculation en vue ?
bastian. — J’en ai une en vue, moi aussi. Écoutes, Stensgard, il faut que tu me rendes un service.
stensgard. — Volontiers ; lequel ?
bastian. — Je me sens si capable ! C’est à toi que je dois cela ; tu m’as éveillé. Il faut que je fasse quelque chose… Je vais me marier.
stensgard. — Te marier ! Avec qui ?
bastian. — Chut ! Ici, dans cette maison !…
stensgard. — Madame Rundholmen ?
bastian. — Chut ! Oui, c’est elle. Dis une bonne parole