Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

une femme de ce genre ? Ce n’a pas été très long, d’ailleurs. Cette belle dame n’était pas habituée à travailler. Elle a eu mal à la poitrine et elle est morte.

MADAME LYNGE. — Oh ! C’est, en effet, un affreux scandale !

MADAME RUMMEL. — Vous pouvez penser que ça été pour les Bernick une pilule difficile à avaler. C’est là un point noir dans le soleil de leur bonheur, comme l’a si bien dit mon mari. Aussi ne parlez jamais plus de ces choses dans cette maison.

MADAME HOLT. — Au nom du ciel, ne parlez pas non plus de sa demi-sœur !

MADAME LYNGE. — En effet, madame Bernick a aussi une demi-sœur !

MADAME RUMMEL. — A eu, heureusement ! C’est fini leur parenté. Celle-là était une originale… Figurez-vous qu’elle portait des cheveux coupés courts et que, quand il pleuvait, elle sortait avec des bottes d’homme.

MADAME HOLT. — Et quand son demi-frère, le mauvais sujet, est parti pour l’Amérique, alors que toute la ville était indignée contre lui, savez-vous ce qu’elle a fait elle ? Elle est partie avec lui.

MADAME RUMMEL. — Et le scandale qu’elle a causé avant son départ, madame Holt ?

MADAME HOLT. — Ne parlez pas de cela.

MADAME LYNGE. — Dieu ! Elle a aussi causé un scandale ?

MADAME RUMMEL. — Oui, madame Lynge. Richard Bernick venait de se fiancer avec Betty Tonnesen, et, juste comme il arrivait, sa fiancée au bras, chez la tante de celle-ci pour lui faire part de…