Page:Ibsen - Madame Inger à Ostraat, trad. Colleville et Zepelin.djvu/240

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(Elle se lève).

Eh bien ! soit ! Je restituerai ce que j’ai pris. Mon fils sera roi.

Elle s’assied de nouveau et recommence à écrire, mais cesse bientôt et s’appuie sur le dos de la chaise).

C’est toujours lugubre un cadavre dans la maison. C’est pour cela que je me sens si nerveuse.

(Elle tourne brusquement la tête et dit comme si elle parlait à quelqu’un).

Non ! Alors, pourquoi me sentirais-je mal à l’aise ?

(Réfléchissant).

La différence est-elle vraiment si grande entre tuer un ennemi et assassiner quelqu’un ?

Ah ! de son épée, Knut Alfön avait ouvert nombre de fronts et, pourtant, son propre front était calme comme celui d’un enfant.

Pourquoi vois-je toujours, toujours…

(Elle esquisse le geste de donner un coup de couteau).

Toujours ce coup dans le cœur et puis, après, le sang rouge qui coule.

(Elle sonne en continuant à parler en rangeant les papiers).

Désormais, je ne veux plus avoir de ces horribles visions… Je veux travailler jour et nuit. Et, dans un mois, je reverrai mon fils.