Aller au contenu

Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
PEER GYNT
PEER GYNT

Oh ! non ! J’eus beaucoup de fil à retordre. Il s’éleva un terrible haro, où se distinguèrent surtout les plus jeunes membres de la famille. Je dus me battre avec sept d’entre eux. C’est une passe que je n’oublierai jamais, bien que j’en sois sorti sain et sauf. Il y eut du sang versé ; mais ce sang ne fit que donner plus de valeur à ma personnalité et affermir ma foi dans le destin.

EBERKOPF

Votre conception de la vie vous élève au rang des penseurs. Là où le vulgaire ne voit que des faits isolés parmi lesquels il tâtonne et s’égare, vous parvenez à vous faire une vue d’ensemble, Vous possédez une norme certaine que vous appliquez à toute chose. Vos jugements acérés, pénétrants, semblent autant de rayons émanant tous d’un même foyer. — Et vous n’avez jamais fait d’études ?

PEER GYNT

Je vous l’ai dit, je ne suis qu’un autodidacte. Je n’ai rien appris systématiquement, mais j’ai réfléchi, spéculé et lu un peu de tout. Ayant commencé tard, je n’avais pas le loisir de tout piocher à fond. Aussi ai-je été réduit à n’apprendre l’histoire que par fragments. Et comme, par le temps qui court, il nous faut quelques cer-