nir des idoles ; mais, quand venait l’automne, j’embarquai pour la côte chinoise une cargaison de prêtres munis de tout le nécessaire, tricots, bibles, riz et rhum.
Vous retiriez du profit de ce trafic ?
Bien entendu. La combinaison réussit. Ils firent leur métier à merveille. Pour chaque idole vendue, il y eut un couli baptisé, en sorte que les deux effets se neutralisaient mutuellement. La mission ne chôma jamais ; les dieux colportés étaient tenus en échec par les missionnaires.
Eh bien ! et la marchandise africaine ?
Là encore ma morale finit par triompher. Je compris qu’un tel commerce ne valait rien à des gens de mon âge. On ne connaît pas l’heure de sa mort, sans compter tous les pièges que nous tendaient nos philanthropes et les dangers de naufrages et d’avaries. Tout cela bien pesé, je me dis : « Peer, il est temps de carguer les voiles et de réparer ses torts. » Alors je m’achetai une propriété dans l’Amérique du Sud et gardai pour moi la dernière cargaison de chair humaine, qui se trouva