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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/18

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XI
PRÉFACE

les résultats m’ayant paru peu encourageants. Ibsen est considéré par bien des critiques scandinaves, qu’ils partagent ou non ses idées, comme le poète de Norvège le plus parfait au point de vue de la forme. Il en est absolument maître. Inhérente à son esprit, inséparable de sa pensée, elle change avec cette dernière, et dans Peer Gynt surtout, passe par de nombreuses transformations où nous ne pouvons guère la suivre, nous autres traducteurs. Quelquefois badine, folâtre, bouffonne même, cette forme devient, tout à coup, ample et lyrique, et, à travers ces avatars, conserve toujours les qualités de rythme et d’harmonie qui, des vers d’Henrik Ibsen, ont, plus tard, passé dans sa prose. Tout cela est naturel, spontané et, par conséquent, inimitable, l’imitation étant le contraire de la spontanéité. Or une traduction en vers n’est le plus souvent qu’une imitation. Certes on peut s’imaginer une sorte d’influence hypnotique de tel ou tel autre génie sur une nature impressionnable, qui, prise d’admiration pour lui, en arriverait, pour ainsi dire, jusqu’à le réincarner. Encore faut-il que les circonstances et, en premier lieu, que la parenté des races et des langues prêtent leurs con-