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ACTE IV

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Le mystère caché,
L’esprit que leur chant récèle,
L’erreur est mortelle !

PEER GYNT

En vérité ! il me semble que la statue a produit un son ! C’est la musique du passé. J’en ai saisi les ondulations et vais noter le fait, pour l’offrir aux réflexions des savants. (Il note sur son calepin.) « La statue a chanté. J’ai clairement distingué la musique, mais n’ai pas bien compris les paroles. Le tout, d’ailleurs, n’était évidemment qu’une hallucination. À part cela, rien d’important à noter aujourd’hui. » (Il poursuit son chemin.)



(Aux environs de Gizeh. On aperçoit le grand Sphinx taillé dans le roc. Au loin les flèches et les minarets du Caire.)

(Peer Gynt arrive et regarde attentivement le Sphinx, tantôt à travers sa lorgnette, tantôt en s’en faisant une de la main.)

PEER GYNT

Où diable ai-je déjà aperçu quelque chose qui ressemble à ce type. J’en ai comme un souvenir obscur. Était-ce un être humain ? Et qui cela, en ce cas ? Car il faut que je l’aie rencontré quelque part, au nord ou au midi. Memnon m’a rappelé les Vieux de Dovre, comme on les appelle chez nous. C’est la même attitude raide et compassée, le derrière planté sur un bloc de pierre. Mais la drôle de bête que voici, cet être bâtard, à la fois