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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/20

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XIII
PRÉFACE

entraîné, de nos jours, les poètes allemands vers le génie scandinave. Mais les Schlegels, malheureusement, leur font cette fois défaut. Ibsen n’en a pas encore rencontré sur son chemin. Les versificateurs qui ont traduit ses grands poèmes dramatiques n’ont fait que du métier, et il y paraît, hélas ! Tantôt l’effort est trop visible, et le lecteur le remarque avec déplaisir, alors que, dans l’original, vers et idée arrivent d’un même jet puissant et hardi. Tantôt une facilité banale amène des devises de mirliton à la place des épigrammes piquantes ou sanglantes, des aphorismes ingénieux ou profonds dont fourmillent les drames ibséniens. Mais le pis est que, les besoins de la versification aidant, la pensée même d’Ibsen se trouve souvent dénaturée. D’autres fois le traducteur omet purement et simplement des passages trop difficiles à rendre, parce que le poète y a concentré un grand travail d’art ou de réflexion.

Je ne pouvais m’exposer aux mêmes défaillances et trahir une pensée que je respecte profondément. J’ai préféré renoncer à faire comprendre des beautés qui, difficiles à rendre dans un idiome congénère, peuvent encore moins être transposées