Aller au contenu

Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
PEER GYNT

Personne ! Ah ! il y aura des bougies sur la table ? Eh bien ! on trouvera moyen de les éteindre ! Je vais les enivrer tous. Il faut que pas un de ces animaux n’ait sa tête à lui en débarquant. Ivres, ils reverront leurs femmes et leurs enfants ! Ils auront des jurons à la bouche. Ils donneront des coups de poing sur la table. Ils feront un boucan d’enfer et une peur folle à ceux qui les attendent. Les femmes s’enfuiront en criant et en traînant leurs enfants derrière elles ! C’en sera fait de leur joie ! (Le bateau penche très fort. Peer Gynt trébuche et a peine à se maintenir sur ses jambes.) Eh ! oh ! Voilà une secousse qui compte. La mer travaille comme si on la payait pour ça. Rien n’est changé dans nos parages du nord. Toujours en butte aux mêmes fureurs ! (Écoutant.) Quel est ce cri ?

LA VIGIE (à l’avant)

Une épave sous le vent !

LE CAPITAINE (sur le pont du milieu)

Tribord la barre ! Serrez le vent !

LE PILOTE

Y a-t-il quelqu’un sur l’épave ?

LA VIGIE

Je vois trois hommes !

PEER GYNT

Faites descendre le canot.