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Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/28

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XXI
PRÉFACE

teur allemand qui l’aurait altérée. D’ailleurs, mes traductions, portant la mention traduit du norvégien, je me serais, en agissant ainsi, rendu coupable non seulement d’une imprudence, mais encore d’une supercherie. Ah ! si seulement j’avais annoncé que je ne traduis pas, mais que j’adapte, j’aurais pu me permettre toutes les licences, sans être accusé de fraude, puisque le lecteur aurait été prévenu. Mais voilà ! j’ai toujours eu l’adaptation en horreur. Le mot me semble valoir la chose. C’est un barbarisme désignant une barbarie. Le barbarisme consiste en ce qu’on ne peut parler d’adapter sans dire à quoi l’on adapte. Et à quoi, au fait, prétend-on adapter l’œuvre d’un malheureux poète étranger qui ne peut se défendre,


    exception une réplique de Peer la coupe en deux quatrains) :

    LES PELOTES (roulant)

    Nous sommes les pensées que tu aurais dû avoir. Tu aurais dû nous donner de petits membres de lutins.

    PEER GYNT

    J’ai donné la vie à l’une de vous. Il en est résulté un être boiteux et mal venu. (Allusion à une épisode du drame.)

    LES PELOTES

    Nous aurions dû, voix émouvantes, nous élever dans l’air. Au lieu de cela, pelotes de ficelle, nous roulons ici.

    PEER GYNT (tâchant de se dégager)

    Coquines de pelotes, qui voulez faire trébucher papa. (Il fuit.)