Page:Ibsen - Peer Gynt, trad. Prozor, 1899.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
PEER GYNT

chaleur et vie ! Le maître du logis était toujours absent. Ah ! terre verdoyante, adorable soleil, que vous fûtes bêtes de nourrir et d’éclairer ma mère ! La nature est prodigue et l’esprit avare. Il est dur de payer de sa vie la faute d’être né. — Je veux, encore une fois, grimper sur les cimes rocheuses, voir le soleil se lever, m’épuiser les yeux à regarder la terre promise.

Après cela, que la neige s’amoncelle sur moi et qu’on trace ces mots sur ma tombe : « Ci-gît personne. » Et ensuite — ensuite ! — Advienne que pourra !

CHANT DES FIDÈLES (sur la route qui mène à l’église à travers bois)

C’est le jour radieux
Où les langues de flamme,
Apportant l’Esprit du Seigneur,
Descendirent des cieux.
Élevons-y notre âme,
Nos yeux et notre cœur.

PEER GYNT (se courbant, effrayé)

Non, non, je ne veux pas les regarder ! Ils sont vides et déserts. Ah ! je crains d’être mort bien avant mon trépas. (En cherchant à se glisser dans les broussailles, il arrive tout à coup au carrefour.)

LE FONDEUR

Bonjour, Peer Gynt, où est ton billet de confession ?