Arrêtez, merveilleux portiques,
Palais de flamme, ardentes tours !
Ça ! ne me faites pas la nique
Et ne reculez pas toujours !
Sur la plus haute de vos pointes,
Je vois un coq[1] tendre le cou,
En agitant ses ailes peintes,
Pour s’envoler je ne sais où.
Hé ! quels sont ces troncs, ces racines,
Qui sortent du cœur des rochers,
Ces géants aux sinistres mines
Sur des pieds de hérons perchés ?
Est-ce l’arc-en-ciel qui s’étale,
Avec son éclat indécis
Qui, tantôt rouge et tantôt pâle,
M’aveugle. Au-dessus des sourcils,
Quel mal de tête épouvantable !
J’ai là comme un cercle de fer.
On dirait que la main du diable
Me l’a mis au fond de l’enfer.
(Se laissant choir par terre.)
Le bouquetin ? Quel conte bête,
Quelle histoire à dormir debout !…
La mariée ? Un coup de tête
À me faire tordre le cou…
- ↑ Tous les clochers, en Scandinavie, sont surmontés d’un coq, symbole de la vigilance. Peer Gynt n’ayant encore jamais vu d’autres flèches, sa fantaisie lui suggère naturellement cette image.