Page:Ibsen - Un ennemi du peuple, trad. Prozor, 1905.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE MAIRE

Il me semble que si. (Jetant un coup d’œil dans la salle à manger.) Je m’étonne qu’ils trouvent où engloutir toute cette mangeaille.

LE Dr STOCKMANN, se frottant les mains.

Oui, n’est-ce pas qu’il fait beau de voir manger la jeunesse ? Toujours de l’appétit ! A la bonne heure ! Il leur faut de la nourriture, des forces ! Ce sont eux, vois-tu, les piocheurs qui remueront le champ de l’avenir et y feront germer les semences nouvelles.

LE MAIRE

Oserais-je te demander où tu aperçois ce champ à remuer ?

LE Dr STOCKMANN

Ma foi, demande-le à la jeunesse. Elle te répondra quand l’heure sera venue. Nous n’y distinguons pas grand’chose, nous autres. C’est bien simple. Deux vieux mulets comme toi et moi.

LE MAIRE

Là, là ! tu as d’étranges façons de t’exprimer.

LE Dr STOCKMANN

Il ne faut pas m’en vouloir, Pierre. Je suis si heureux, si content, vois-tu. C’est avec une