Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/84

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Helmer.

Oui, on agit bien des fois par légèreté. Je ne suis pas assez cruel pour condamner sans pitié un homme pour un seul acte de ce genre.

Nora.

Non, n’est-ce pas, Torvald ?

Helmer.

Plus d’un peut se relever moralement, à la condition de confesser sa faute et de subir sa peine.

Nora.

Sa peine ?

Helmer.

Mais Krogstad n’a pas suivi cette voie. Il a voulu sortir d’affaires par l’intrigue et les artifices. C’est là ce qui l’a perdu moralement.

Nora.

Crois-tu que… ?

Helmer.

Penses-y. Un homme pareil, qui a conscience de son crime, doit mentir et dissimuler toutes les heures. Il doit porter un masque même au milieu des siens. Oui, devant sa femme et ses enfants. Et cela, quand on pense aux enfants, c’est affreux.

Nora.

Pourquoi ?

Helmer.

Parce que pareille atmosphère de mensonges doit infecter de principes malsains toute une famille ! Chaque fois que ces enfants respirent, ils absorbent des germes de mal.

Nora, s’approchant de lui.

En es-tu sûr ?