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UNE MAISON DE POUPÉE

Nora.

Je n’ai pas pu l’empêcher, monsieur Krogstad. J’ai plaidé votre cause jusqu’au bout, mais tout a été inutile.

Krogstad.

Votre mari a-t-il si peu d’affection pour vous ? Il sait ce qui peut arriver et malgré cela il ose.

Nora.

Pourquoi vous imaginez-vous qu’il le sait.

Krogstad.

Réellement, je ne l’ai jamais cru. Mon bon Torvald Helmer ne serait pas homme à faire preuve de tant de courage.

Nora.

Monsieur Krogstad, j’exige que vous respectiez mon mari.

Krogstad.

Bien entendu, je le respecte autant que je le dois, mais vous mettez tant de soin à lui cacher cette affaire… Je me permets de supposer que vous êtes mieux informée qu’hier sur la gravité de ce que vous avez fait.

Nora.

Mieux informée que ce que j’aurais pu l’être par vous !

Krogstad.

En effet, un juriste aussi détestable.

Nora.

Que me voulez-vous ?

Krogstad.

Rien. Uniquement voir comment vous allez, Madame. J’ai pensé à vous toute la journée, quoique je ne sois qu’un méchant chicaneau, un avocat peu malin, un… enfin ce que je suis, malgré tout j’ai encore un peu de ce qu’on appelle du cœur.