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Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/117

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UNE MAISON DE POUPÉE

Krogstad.

Je veux simplement le conserver, l’avoir en ma possession. Nul étranger ne doit le savoir. De sorte que si vous avez pensé à quelque résolution désespérée…

Nora.

J’y ai pensé.

Krogstad.

À tout abandonner et à fuir.

Nora.

J’y ai pensé, oui.

Krogstad.

Ou à quelque chose de pire encore…

Nora.

Comment pouvez-vous savoir ?

Krogstad.

Renoncez à ces idées.

Nora.

Mais comment savez-vous que je les ai ?

Krogstad.

Presque tous, nous les avons d’abord. Je les ai eues comme les autres, mais j’avoue que le courage m’a manqué.

Nora, d’une voix sourde.

Moi aussi !

Krogstad, tranquillisé.

N’est-il pas vrai ? Vous aussi le courage vous a manqué ?…

Nora.

Oui.

Krogstad.

Ce serait d’ailleurs une bêtise colossale… Une fois le premier orage conjugal passé… j’ai là dans mon portefeuille une lettre pour votre mari…