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Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/144

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Nora.

Oui, je suis très fatiguée. Je suis même certaine que je m’endormirai tout de suite.

Helmer.

Tu vois comme j’avais raison de ne pas vouloir que nous restions plus longtemps.

Nora.

Tu as toujours raison dans tout ce que tu fais.

Helmer, qui l’embrasse sur le front.

Allons, l’alouette commence à parler comme un livre, mais dis-moi si tu as remarqué comme Rank était gai ce soir.

Nora.

Ah ! je n’ai pas eu l’occasion de lui parler.

Helmer.

Moi aussi, je n’ai presque pas causé avec lui, mais voici longtemps que je ne l’avais vu de si bonne humeur. (Il la regarde un instant et s’approche d’elle.) Mais qu’il est bon de se retrouver dans sa maison, d’être seul avec toi ! Oh ! la jolie femme, l’enchanteresse que tu es.

Nora.

Ne me regarde pas ainsi, Torvald.

Helmer.

Et comment ne regarderai-je pas mon cher trésor, cette splendeur qui m’appartient, rien qu’à moi, entièrement à moi !

Nora, allant se placer de l’autre côté de la table.

Ne me parle pas ainsi ce soir.

Helmer, la suivant.

Tu as encore de la tarentelle dans le sang, vois-tu, et tu en es encore plus séduisante. Écoute, voici les invités qui s’en vont ! (Baissant la voix.) Nora, tout à l’heure la maison sera ensevelie dans le silence.