Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/158

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Nora.

Durant ces trois jours j’ai soutenu une lutte violente.

Helmer.

Et tu t’es désespérée. Tu ne voyais pas d’autre issue que… Non, non, nous ne conserverons aucun souvenir de tous ces ennuis. Allons célébrer notre délivrance en répétant sans cesse : « C’est passé ! c’est passé ! » Mais écoute-moi, Nora, il semble que tu ne comprends pas. C’est passé ! Allons, que signifie ce sérieux ? Oh ! ma pauvre petite Nora, j’y suis ! Tu ne peux croire que je te pardonne, mais crois-le, Nora, je te le jure, tout est pardonné. Je sais bien que tout ce que tu as fait tu l’as fait pour amour de moi.

Nora.

C’est vrai.

Helmer.

Tu m’as aimé comme une femme doit aimer son mari. Seulement tu te trompais dans l’emploi des moyens. Mais crois-tu que je t’aime moins parce que tu n’es pas capable de te guider toi-même. Non, non, repose-toi sur moi. Ni aide, ni direction ne te manqueront. Je ne serais pas homme si ton incapacité ne te rendait doublement séduisante à mes yeux. Oublie les paroles dures que je t’ai dites dans les premiers moments de terreur quand je croyais que tout allait crouler sur moi. Je t’ai pardonné, Nora. Je te jure que je t’ai pardonné.

Nora.

Merci de ton pardon.

Elle sort par la porte de droite.
Helmer.

Non, reste ici… (il la suit des yeux.) Pourquoi vas-tu dans l’alcove ?

Nora, de sa chambre.

Pour enlever ce déguisement.