Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/164

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Nora.

Dorénavant tu ne peux rien me défendre… J’emporte tout ce qui est à moi. Je ne veux rien recevoir de toi ni maintenant ni jamais.

Helmer.

Mais que veut dire cette folie.

Nora.

Demain je pars pour mon pays. Là je pourrai vivre plus facilement.

Helmer.

Aveugle que tu es, pauvre créature sans expérience !

Nora.

Je tâcherai d’acquérir de l’expérience, Torvald.

Helmer.

Abandonner ton foyer, ton mari, tes enfants. Tu ne penses pas à ce que l’on va dire.

Nora.

Je n’y puis penser. Je ne sais que ce qui m’est indispensable.

Helmer.

Ah ! c’est irritant. De sorte que tu manqueras à tes devoirs les plus sacrés.

Nora.

Qu’appelles-tu mes devoirs les plus sacrés ?

Helmer.

Tu as besoin que je te le dises ? Est-ce que ce ne sont pas tes devoirs envers ton mari et tes enfants ?

Nora.

J’en ai d’autres non moins sacrés.

Helmer.

Tu n’en as pas. Quels sont ces devoirs ?