que tu avais découvert que j’étais plus fragile. (Elle se lève.) Écoute, Torvald. À ce moment il m’a paru que j’avais vécu huit ans dans cette maison avec un étranger, et que j’avais eu de lui trois enfants. Ah ! je n’y veux pas penser. Cela me donne envie de me déchirer moi-même.
Je le vois hélas ! je le vois. Il s’est ouvert entre nous un abîme, mais dis, Nora, ne peut-il se combler ?
Telle que je suis maintenant, je ne puis pas être ta femme.
Je puis me transformer.
Peut-être, si on t’enlève ta poupée.
Me séparer de toi ! de toi, non, non, Nora. Je ne puis me résigner à cette idée.
Raison de plus pour en finir.
Nora, pas encore, pas encore. Attends demain.
Je ne puis passer la nuit sous le toit d’un étranger.
Mais nous pouvons vivre par la suite comme des frères.
Tu sais bien que cela ne durerait pas longtemps. (Jetant le châle sur ses épaules.) Adieu, Torvald, je ne veux