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BRASSÉE DE FAITS

Moi, elle me fessait quelquefois, mais pas souvent. En tout cas, c’était toujours seule à seule, et, pour ainsi dire, jamais plus tard qu’à dix, onze ans. Sauf en deux circonstances que je vous dirai peut-être. Tandis que mon frère, lui, toujours devant moi ou quelqu’un d’autre, des amies à elle, des féministes dans son genre.

Quand souvent, celles-ci étaient accompagnées de leurs filles, cela n’en valait que mieux et maman ne ratait pas l’occasion. Elle avait comme grande amie une madame Henry, elle, mère de deux garçons. Quand nous allions la voir ou quand madame Henry venait à la maison, il y avait chaque fois une fessée au moins pour un ou deux de ces messieurs, parfois pour les trois.

Et moi, je jubilais autant que ces dames.

Élevée dans la rancune envers l’homme qui a fait les lois en sa faveur, au détriment de la femme qui, tant qu’il y aura un code, restera l’éternelle mineure, je partageais déjà leurs idées et j’avais pour ce sexe oppresseur ni sympathie, ni considération. Aussi déjà étais-je heureuse, chaque fois que je voyais humilier un des représentants de ce sexe qui se croit toutes les supériorités et qui, si l’on veut voir les choses de près, n’en possède réellement aucune. C’est positif, aucune. Heureusement, à présent le mouvement est commencé et les temps s’approchent où l’égalité ne sera plus un vain mot. Et ce ne sera, croyez-le bien, qu’une étape, car, comme disait maman, c’est la supériorité de la femme qui sera proclamée dans l’avenir et c’est elle qui aura le pouvoir et la direction du progrès. Mais, en voilà assez là-dessus, vous connaissez mes opinions,