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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/178

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BRASSÉE DE FAITS

Quand je sonne à son troisième, rue Sainte-Anne, elle me fait un accueil, mais un accueil que je n’oublierai jamais ! Elle me bécotte toute la figure, elle me mange les lèvres et sa langue, pour la première fois, elle ne se contente pas d’en glisser le petit bout entre mes dents comme toujours, non, c’est tout entière qu’elle la darde en moi et j’en savoure, exquis, le fruit parfumé que c’est pour moi qui n’en connaissais pas encore la saveur. Quelle sensation pour moi que cette intrusion chaude et vivante qui emplit la bouche et s’y prélasse ardemment.

C’est délicieux et, en même temps, debout l’une contre l’autre, de sa main droite qui n’est pas encore gantée, elle me prend les fesses. Je devine le bonheur de cette main à me pétrir et, quand elle me les claque ensuite par dessus ma robe, cela ne m’étonne ni ne me choque.

Mais, il est sept heures. C’est le moment d’aller dîner. Elle me conduit avenue de l’Opéra, au premier d’un restaurant dont elle a l’habitude. On y dîne bien. Il est tôt encore et il n’y a pas grand monde. Ce n’est que quand nous en sommes au dessert que la salle s’emplit. On nous regarde et je suis flattée que l’on nous trouve jolies. Les femmes nous lorgnent. Il en est deux, attablées en face, qui parlent de nous, c’est sûr. L’une d’elles semble sensiblement plus âgée que l’autre. Elles nous examinent avec des sourires complices. Cela m’amuse.

La cousine surprend les regards que l’aînée principalement me fait à moi. Elle prend son air des grands jours, l’air qu’à son atelier elle a, quand tout ne va pas à son