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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/197

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LA COUSINE JANE

Donc, son mari s’amène à six heures. Le calicot, dans toute sa beauté. Le calicot rigolo, vous voyez cela d’ici. Des jeux de mots idiots, toutes les scies du jour.

Nous nous payions sa tête, il n’en voyait rien. On ne faisait que se bécotter tout le long du dîner. Par blague, lui, baissait les yeux ou se tournait de l’autre côté. Je ne sais encore au juste s’il se rendait compte de ce qu’il en était ou si, aveugle, il ne croyait qu’à un jeu.

Oui, à dire vrai, je n’en sais rien. Jane le croyait aveugle. Moi, je n’en suis pas sûre. En tout cas, il faisait celui à qui cela ne déplaît pas, que sa femme, sa légitime, ait une amie, en ait deux, même. C’est peut-être bien aussi parce que, prenant mon parti du partage, je faisais celle qui est bien avec Gaby, comme avec Jane, et il ne prenait pas cela au sérieux.

Quoiqu’il en soit, nous ne nous retenions guère pour lui et sa présence ne nous en imposait pas, pas plus qu’à sa femme. Cette Gaby, elle en avait un toupet !

Non, il y a des hommes, tout de même, que ce serait dommage ne de pas berner, tant ils sont bêtes. Celui-là, s’il n’y mettait pas de la complaisance, qu’est-ce qu’il avait dans les yeux ?

Mon histoire est finie maintenant.

Cela dura près de deux ans comme cela. Depuis longtemps, je n’aimais plus Jane. Je la détestais, au contraire ; mais elle me tenait par les sens.

C’est elle qui m’avait appris l’Amour. En m’apprenant l’Amour, c’est la vie qu’elle m’avait donnée, une seconde fois après maman !