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BRASSÉE DE FAITS

cet avant-goût qu’elle m’en donne me fait grand plaisir et je sais gré à maman de ne pas savoir quitter les gens. Quand elle prend congé, elle a toujours trois, quatre histoires à raconter qui s’enchaînent les unes avec les autres et qui lui reviennent immanquablement à l’instant du départ. Dieu sait si je les connais, ses histoires. Cette fois, elles n’ont pas le don de m’agacer. Bien au contraire, je lui soufflerais, si elle perdait le fil. Mais, pas de danger : qu’elle commence par la deuxième ou la quatrième, c’est comme si elle débutait par la troisième ou la première ; l’ordre en est interchangeable, et les auditeurs ne coupent à aucune.

Ce soir, en les avalant une fois de plus, je bénis la sage-femme de ma grand’mère qui ne vola pas ses quatre sous en coupant le filet de maman en bas âge ? Car, à chaque histoire dont je voudrais que s’accrût la longueur, c’est, pour mes petites fesses, l’occasion de pelotages véhéments. Mary me les empoigne avec une énergie que je ne louerai jamais trop. Pour en témoigner sans secourir aux paroles, je les remue, mes petites fesses et je voudrais, par cette mimique, lui prouver qu’il n’y a pas que sa gosse à les avoir mobiles. Et je voudrais aussi lui suggérer l’idée de me faire ce qu’elle a fait à Renée. Oui, tout au début.

Car, pourquoi ne m’en fait-elle pas autant ?

Enfin, elle s’y décide. Ce n’est pas trop tôt.

Maman venait, providentiellement, d’entamer le récit de la guérison de sa sciatique qui, à la veille de la guerre, a cédé à un traitement miraculeux ; miracu-