Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/171

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Lorsqu’un habile fabricateur de chars ploie des branches de figuier sauvage, après les avoir échauffées à la flamme, pour en faire des roues, il arrive que le bois, courbé de force, s’échappe de ses mains et saute au loin. C’est ainsi que le lion terrible se détendit et s’élança sur moi pour me déchirer. Mais le recevant d’une main sur un trait et les doubles plis de mon manteau, je levai de l’autre main ma massue, et le frappai au-dessus de la tempe.

Je le frappai ainsi, et le dur olivier sauvage se fendit en deux sur la tête velue de cette indomptable bête féroce. Mais le lion retomba à terre avant de m’atteindre, et il resta debout sur ses pattes tremblantes, la tête penchée, car le cerveau avait été ébranlé sous les os du crâne par la violence du choc, et la nuit couvrait ses yeux. Le voyant étourdi par la douleur, avant qu’il se ranimât, je le prévins et le frappai sur la nuque de son cou solide. Puis, jetant l’arc et le carquois, je l’étranglai avec force, écrasant en arrière ses pattes de devant, de peur qu’il me déchirât de ses griffes, et foulant de mes talons ses pattes de der-