Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ménalkas.

— Ô loup, épargne mes boucs et mes chèvres ;
 ne me nuis pas, parce que, étant petit, je mène
 un grand troupeau. Ô chien Lampuros, dors-tu 
donc profondément ? Il ne faut pas dormir quand 
on aide un jeune pasteur. Et vous, brebis, ne crai
gnez pas de vous rassasier d’herbe tendre ; vous
 n’en manquerez pas, car elle repoussera. Ici ! pais
sez, paissez ! Et toutes, remplissez vos mamelles, 
afin que les agneaux s’abreuvent de lait, et que
 j’en mette encore dans les éclisses.

Daphnis, à son tour, commença de chanter harmonieusement.

daphnis.

— Une jeune fille aux sourcils arqués m’ayant 
aperçu du seuil de l’antre, comme je paissais mes
 génisses, m’a dit deux fois que j’étais beau ; mais 
je n’ai rien répondu, pas même une parole pi
quante, et, baissant les yeux, j’ai suivi mon che
min. La voix et l’haleine de la génisse sont douces ; 
il est doux, l’été, de reposer en plein air auprès
 d’une eau courante. Les glands ornent le chêne.