Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/74

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qu’elles y paissaient l’arbousier. Et je me soucie autant de l’été qui brûle, que les enfants s’inquiètent des discours du père et de la mère.

Tel chanta Daphnis, et Ménalkas ainsi :

— L’Etna est ma patrie, et j’habite un bel antre sous les roches creuses, et j’ai autant de biens qu’on en possède en songe : de nombreuses toisons de brebis et de chèvres, étendues sous moi, de la tête aux pieds ; des entrailles qui cuisent sur un feu de chêne, et du hêtre sec qui me chauffe durant l’hiver. Et je me soucie autant du froid qu’un homme sans dents, qui va manger de la bouillie, se soucie de coquilles de noix.

J’applaudis aux chanteurs, et je donnai à Daphnis un bâton pastoral qui avait poussé et grandi, tel qu’il était, dans le champ de mon père, et qu’un bon ouvrier eût avoué ; et à Ménalkas, une belle conque que j’avais trouvée dans les rochers hykariens, et dont j’avais mangé la chair, après en avoir fait cinq parts, pour cinq que nous étions. Et Ménalkas souffla dans la conque.

Muses bucoliques, soyez pleines de joie et répètez le chant que je dis à ces pasteurs :