Page:Imbert - Chansons choisies.djvu/22

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La foi, déçue, a beau renaître :
L’avenir dont nous nous berçons,
Quand viendra-t-il ? Jamais, peut-être.
Mes amis, assez de chansons.

Notre histoire récente est faite
De regret et de repentir ;
Chaque jour amène la fête
Soit d’un bourreau, soit d’un martyr.
Pour tout homme, s’il est sincère,
Un nom qu’au hasard nous plaçons
Rappelle un triste anniversaire.
Mes amis, assez de chansons.

Un nuage né du cigare
Nous entoure de tous côtés.
Ce voile, où la pudeur s’égare,
Sert de gaze à nos crudités.
Mais on sait ce que parfois coûtent
Des couplets vifs ou polissons,
Et puis nos enfants nous écoutent.
Mes amis, assez de chansons.

Enfin voilà minuit qui sonne :
Notre verve doit s’épuiser ;
D’ailleurs, c’est l’instant où personne
N’a plus le droit de s’amuser.
Célébrons le pape ou Glycère :
Les refrains qu’au ciel nous lançons
Feraient venir le commissaire.
Mes amis, assez de chansons. Bis.