Page:Imbert - Portraits et Études, 1894.djvu/90

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d’Été, Lamoureux s’adressa à un public un peu différent de celui qu’avait eu en vue Pasdeloup, lorsqu’il avait institué au Cirque d’Hiver les Concerts populaires, dans des conditions de bon marché, qui permettaient à l’amateur, à l’artiste le moins fortuné de les suivre et de pénétrer, par une étude régulière, dans les beautés de la musique symphonique. Pasdeloup avait surtout travaillé pour l’éducation musicale du pauvre, — Lamoureux pour celle du riche. Il est vrai que le premier des deux chefs d’orchestre ne fit pas fortune dans une entreprise qui, commencée en l’année 1861, ne dura pas moins de vingt-deux ans [1], tandis que le second, avec ses grandes qualités d’administrateur et le soin extrême apporté par lui dans l’exécution des œuvres, sut faire fructifier, dans une certaine mesure, la Société des Nouveaux Concerts.

Le premier concert du théâtre du Château-d’Eau eut lieu le 23 octobre 1881, vingt ans après la création des Concerts populaires par Pasdeloup. Les voyages que Charles Lamoureux avait faits en Allemagne, à Bayreuth notamment, l’avaient déjà intéressé vivement à l’œuvre magistral de Richard Wagner ; l’étude des partitions n’avait fait qu’aviver son admiration. Il s’entoure bientôt de jeunes et savants compositeurs très inféodés au drame lyrique, tels que Chabrier, Vincent d’Indy... et, avec leur concours, il s’apprête à donner les exécutions aussi fidèles que possible des pages grandioses du maître de Bayreuth. Il fera pour Richard Wagner ce que Colonne entreprit

  1. Les concerts populaires organisés par Pasdeloup au Cirque d’Hiver commencèrent le 27 octobre 1861 et ne prirent fin qu’en 1883, quelques années avant sa mort, qui eut lieu en août 1887 à Fontainebleau, où il s’était retiré. Plusieurs essais infructueux furent tentés pour faire revivre les concerts populaires ; leur temps était passé. Le public avait porté ses préférences sur les concerts Colonne et Lamoureux.