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Page:Inchbald - Simple histoire.djvu/88

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d’en souffrir, et je n’entreprendrai point de décider entre vous. Mais j’ai une question à vous faire, et à laquelle je vous demande une réponse précise : Attendez-vous dans ce pays-ci milord Frédéric ? »

Elle répliqua, sans hésiter :

« Oui, monsieur, je l’attends. »

— « J’ai une seconde question à vous faire, mademoiselle, et j’espère que vous y répondrez avec la même franchise : Lord Frédéric est-il l’homme que vous pourriez agréer pour votre époux ? »

À cette demande si claire, si pressante, elle fit voir plus d’embarras qu’elle n’en avait encore montré, et d’une voix altérée elle répondit :

« Non, il ne l’est pas. »

— « Vos paroles me disent une chose, répartit Dorriforth, et votre ton m’en fait entendre une autre ; auquel de ces deux langages faut-il que je croie ? »

— « À celui que vous voudrez, répliqua-t-elle avec un mélange de dépit et de dignité. » Cette réponse étonna Dorriforth et n’éclaircit point ses doutes.

— « Pourquoi donc, miss Milner, l’encouragez-vous à vous suivre ici ? »

— « Et pourquoi, dit-elle en fondant en larmes, fais-je cent folies à tous les instans de ma vie ? »

— « Ainsi, vous augmentez ses espérances sans aucun dessein de les couronner jamais. Une pareille conduite ne peut durer plus long-temps, et je serais coupable de souffrir que vous trompassiez davantage, ou Milord, ou vous-même. Dès qu’il sera arrivé, j’exige que vous refusiez de le voir, ou que vous consentiez à l’épouser. »

À cette alternative ainsi proposée, elle hésita ; elle parut également éloignée de l’un et de l’autre parti, et au lieu