tient un pinceau, va, d’après la nature, quelle qu’elle soit. Imite et tu auras, quoi que tu fasses, le plaisir d’une création. Si j’en avais le temps et si j’étais comme toi à la campagne, je ferais du paysage : c’est une branche de l’art qui enseigne à l’homme la philosophie. Et, ensemble, de la musique ! Je ne voudrais pas autre chose pour le plaisir de ma vie, dans, un état de paix et d’indépendance où je désire et j’aime à te croire. Sois heureux. Ne remets rien au lendemain. Je te parlerai musique une autre fois. Je pense, et peut-être d’accord avec toi, que Beethoven est un Mozart en délire.
La tyrannie qu’exerce sur moi ce tableau est uniquement cause de mon horrible négligence pour tout ce qui n’est pas lui. Si tu voyais ma vie, elle te ferait pitié. Il y a bien deux ans que je ne connais d’habitation que mon atelier ; mais, depuis six mois, il est devenu ma cage, le témoin de mon désespoir, de mes sueurs et aussi, quelquefois, de l’espoir de voir un terme à toutes ces peines enfin récompensées.[1]
Moi, je suis blasé dessus, comme tu dois le penser, et, par conséquent, je ne le vois pas en beau. De cela, je ne suis pas fâché, mais je peux te dire que le peu d’yeux qui l’ont vu ne pensent
- ↑ Cf. Charles Blanc, Ingres, sa vie, p. 83.