Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/233

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neur à un poste. Sur 17 voix, j’en ai eu 16 ; et, au sortir, chacun s’est écrié qu’il n’était pas la dix-septième et qu’on venait de faire une excellente besogne. Enfin, élèves, maîtres, amis, tous s’en réjouissent d’une manière bien honorable et touchante pour moi.

J’entre en fonctions le Ier avril. L’heure de mon indépendance vient de sonner et je suis libre, avec l’ordre que tu connais et sans dettes. J’ai 1.600 francs de l’Institut qui me loge. Mes élèves me rapportent 300 francs le mois. Je puis donc vivre très bien, comme tu vois, et mettre de côté tout ce que je gagnerai avec mon pinceau. Cependant la sage ménagère et moi, nous pensons ne point du tout augmenter nos dépenses et train de maison et nous garder une poire pour la soif.

Nous allons nous occuper de votre appartement pour pouvoir vous y donner toutes les douceurs possibles, lorsque vous nous viendrez voir. Tu nous l’as promis : tâche que ce soit le plus toi possible. À cause du petit poupon, nous pensons cependant ne pas vous voir d’ici à la prochaine Exposition qui est fixée au 1er avril 1831. Tu vois que nous sommes raisonnables, mais nous ferions les méchants si vous passiez ce terme.

Pour figurer de mon mieux à cette Exposition, j’y [aurai deux grands tableaux d’histoire ; celui que je peins et celui de Virgile que je refais en grand, et quelques autres de moyenne grandeur. La gravure de ce dernier s’avance, celle du Louis XIII aussi. Mon Saint est déjà fort admiré du