Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/249

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J’ai déjà avancé ainsi pour un reste de moulage entrepris par M. Peisse 50 piastres, et 600 francs pour le voyage du secrétaire. Ayez la bonté de me dire votre sentiment sur tout ceci tout confidentiellement et en ami.

Autorisé enfin à taire copier les tableaux des Loges de Raphaël, je vais vous demander la somme de dix mille francs pour commencer, les frais d’échafauds, toiles et fonds pour payer de suite l’œuvre faite et n’avoir pas toujours à vous demander.

Je suis très content de notre secrétaire M. Lego : nous vivons bien ensemble et il n’y pas de raison pour qu’il n’en soit toujours ainsi. M. Mauduit dit hautement que c’est moi qui lui ai ôté sa place. Il a essayé de nous tourmenter en essayant de tout brouiller. C’est un homme vraiment malade et aussi de peu de portée, mais assez méchant et brouillon maladroit. Heureusement il s’en va et nous laisse en paix, lui et sa médiocrité.

Pardonnez-moi, mon cher, tout ce bavardage ; vous me l’avez permis, s’il était moins griffonné du moins ; mais je compte beaucoup sur votre indulgente amitié. L’excellent Gatteaux, qui me gâte aussi tant qu’il peut avec sa bonne amitié et qui vous remettra ma lettre cette fois, ne me rappelant pas assez bien l’indication que vous me donnâtes à mon départ, causera aussi de moi avec vous et vous dira combien je vous suis reconnaissant et attaché. Ma femme est bien sensible à votre souvenir ; elle est mon petit ministre de l’intérieur et présente ses bonnes amitiés à Madame, avec les miennes et toujours avec le regret de n’avoir pu faire un dessin assez digne d’elle et de son mari.

Je vous embrasse aussi du fond du cœur. Votre bien dévoué serviteur.

Ingres.

(Fonds Paul Bonnefon).