Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/266

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justice de mes raisons, et que, lui conservant toujours ma protection dont à tous égards il est digne, vous voudrez bien le lui faire entendre. Je crois donc, si je puis travailler comme je l’espère, pouvoir le rendre possesseur à l’automne prochain.

Du reste, ma situation ici me plaît toujours de plus en plus, excepté le regret toujours sensible de ne pas vivre avec tous les excellents amis que j’ai laissés à Paris. Cette privation est toujours sensible à mon cœur, et il ne me faut rien moins que le bonheur intérieur dont je jouis ici pour m’aider à supporter mon bel exil volontaire, car mes yeux se tournent souvent du côté de notre belle France. Je suis cependant bien résolu de passer encore ici quatre ans et sept mois, terme de mon directorat, heureux alors d’y avoir fait quelque bien comme je l’espère. Je suis bien secondé par les pensionnaires qui ne me donnent jusqu’ici que du contentement, tant ils sont tous aimables pour moi et véritablement occupés de l’art, et du bon côté. Aussi je ne crains pas de vous prier de leur continuer votre aimable sollicitude, comme vous le faites au patron (sic). De notre côté, nous dirigeons notre affaire pour vous la présenter claire et consciencieuse. Vous avez dû recevoir nos comptes ; vous les aurez plus tôt, l’année prochaine, attendu qu’il nous a fallu faire notre apprentissage.

Dieu pardonne à mes prédécesseurs, mais ils auraient pu s’occuper davantage de la bâtisse : ils m’ont laissé tout à faire ; on a laissé tomber les murs et avec danger. J’ai dû récurer tout le palais et y remettre tout en ordre, malgré son ordre apparent. J’ai trouvé les pensionnaires souvent plus mal en meubles que des domestiques, et ma bonne femme, dont l’intelligence est grande, j’ose le dire, m’a secondé dans sa grande connaissance de ménage, à réformer mille abus qui y jetaient un grand désordre. Enfin tout marche parfai-