Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/373

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quinze jours en Angleterre. Je dois le faire, pour le plus grand bonheur, avec M. Amédée Pichot, littérateur et notre ami, qui se fait un plaisir de m’y accompagner et de m’épargner toute espèce de préoccupation matérielle. Il parle anglais et connaît parfaitement le pays.

Voilà, mon cher, mon avenir pour à peu près cette année où, j’espère, j’aurai bien établi le trait de mon ouvrage sur le mur en m’occupant du fond de paysage, aidé de Desgoffes. Enfin, de retour à Paris, en décembre, je terminerai mes deux portraits que Dieu bénisse, et je retournerai employer mes études de figures à Dampierre. Du reste…

Voilà-t-il de beaux projets ? Oui, pourvu que le diable, qui est partout, ne s’en mêle. Nous allons commencer enfin la gravure de l’Homère avec Calamatta, et tu sauras que le Ministre vient d’accorder trente mille francs à M. Delaroche pour la gravure de son Hémicycle. J’espère avoir assez de droits, pour qu’il en fasse autant pour moi.

J’ai dîné, hier, avec la famille royale qui a été on ne peut plus royalement aimable pour moi. Ma musique régulière, chez l’ami Hittorf, va toujours mieux en ce qu’elle est augmentée, comme assistants, de la famille Sayet et Baillot et comme réfugiés après l’orage. Quelle cruelle perte pour la musique belle, haute, touchante et fière, et pour tous ses amis ! Mais, ce que tu ne croirais peut-être pas, c’est que s’étant voués, par deuil,