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encore, grâce à une belle exécution, vous deviez avoir la victoire ou bien la balancer. Je vous le fis dire expressément encore par votre ami. Mais il n’en a pas été ainsi et, malgré vos belles études dessinées, cette belle tunique, etc., etc. Vous avez été au-dessous de vous-même. Il fallait partir pour Paris et l’y venir terminer. Mais on ne peut tout prévoir.

Vous ne devez cependant pas vous décourager par ce petit échec et, malgré vos précédentes épreuves, vous avez du talent. Vous êtes à la veille de le compléter. Il faut surtout compter beaucoup sur soi et [tenter tous les efforts imaginables, pour tout braver avec courage et, dans ce temps-ci surtout, travailler d’abord pour plaire à sa bonne conscience. Car l’art n’est pas toujours une profession, mais un rude apostolat. C’est un peu ma vie que je viens de vous retracer, mon cher ; vous voyez cependant que toutes les peines courageuses ont, tôt ou tard, leur récompense et qu’après tant de jours ténébreux arrive la lumière qui vient faire jour et vous donner une position glorieuse qui, malgré les cris impuissants de la médiocrité terrassée, n’en devient que plus stablement solide.

Ainsi donc, mon ami, rien n’est perdu, et avec le temps, la première occasion peut vous faire ressortir et prendre une place digne de votre talent.

Quant à votre voyage et à ce que nous vous en avons écrit, venez ou ne venez pas. C’est à vous de décider, car les mêmes raisons existent