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me ravit ma femme ! Elle est morte, elle m’est enlevée pour toujours, cette femme admirable, sublime par sa fin cruelle. Non, rien n’égale mon affreux désespoir, et l’on ne peut mourir de tant de douleur !…

Ah ! que je l’aurais voulu suivre ! On m’en a empêché ; on m’a enlevé d’auprès d’elle. Elle est morte, mes amis de cœur ! elle est morte et je ne la reverrai jamais plus. Mon désespoir continuel est difficile à décrire. Femme innocente, admirable, héroïque, je ne la reverrai plus, plus jamais. Ah ! je me meurs de douleur. Ma chère enfant, mon très cher ami, plaignez-moi !

Mais cependant, ma chère fille, toi qu’elle aimait comme une mère, ménage son ami, ce tendre père. Que cette affreuse nouvelle ne lui soit apprise qu’avec les plus doux ménagements, car cela pourrait avoir du danger pour sa santé et son trop bon cœur. Je suis fâché, ma chère enfant, de te porter ce terrible coup ; mais tu l’as appris peut-être déjà, par les journaux. Prier pour elle, c’est inutile, car c’était une sainte femme : mais pleurez sur moi, le plus malheureux des hommes, et à jamais puisque je ne dois plus la revoir.

Votre inconsolable et le plus cruellement malheureux ami.

LX
5 août 1849
À Armand Cambon.

Ne suis-je pas le plus malheureux des hommes ? Et on ne meurt pas d’une pareille douleur ! Ma