Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 412 —

forcé que j’y prendrai, accélérera ma guérison. Nous comptons partir vers la fin de ce mois. Les journaux te tiennent au courant des affaires politiques ; je ne t’en dirai rien.

Je t’embrasse bien tendrement. Ingres aussi t’embrasse.


LXIV

Ma chère fille, il faut donc le pleurer ; moi, ce digne vieux ami ; toi, ton père chéri ! Il me faut donc verser de nouvelles larmes, les confondre avec celles données à ma pauvre et digne femme. Deux cœurs qui s’aimaient et s’entendaient si bien ! Quel coup tu m’as porté, ma chère enfant. Ce cher ami, digne d’un meilleur sort, souffrir et mourir. Ah ! ce n’est pas juste : il y a tant de monstres qui vivent, pour le malheur des autres. Cher ami, je ne te verrai donc plus !…

Quels tristes et cruels moments tu as dû supporter ! Éh bien ! ma chère, courbons notre tête ; car la puissance humaine n’y peut rien. Restons pour le pleurer, le regretter éternellement et puissions-nous les retrouver tous les deux dans l’éternité, plus heureux que sur cette triste terre. Je me plais a croire, ma chère enfant, que, dans cet affreux malheur, tous ceux qui t’entourent te prodiguent toute espèce d’affectueuses et douces consolations. Que ne puis-je moi-même te montrer combien je partage ta douleur !

Toi, chère enfant, quelle est ta position, ton