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Paris, Ier novembre 1861.
À M. Jules Canonge.

Monsieur, les hommes sont affligés de beaucoup de maladies, entre autres celle de la paresse. La mienne est de ne pouvoir me décider à écrire : cela me rend souvent très malheureux, surtout lorsque je néglige mes amis et vous, Monsieur, que j’admire plus que personne et dont j’apprécie l’amitié dont vous m’avez toujours honoré. Veuillez me pardonner, je vous prie, et croire que je vous conserve toujours les mêmes sentiments. J’espère bien qu’à votre prochain voyage à Paris, je pourrai vous en renouveler l’assurance de vive voix et reprendre une de ces bonnes conversations dont je suis privé depuis longtemps.

Je vous remercie, Monsieur, d’avoir bien voulu m’adresser une tête antique fort belle, que je crois d’un ciseau grec. Je vis toujours avec eux : comme ils ont fait le bonheur de ma jeunesse, ils font celui de mes 81 ans. Je sais trouver avec vous les mêmes sympathies et dans ces sentiments je suis heureux, Monsieur et ami, de me dire, avec la plus parfaite estime, votre très affectueux et dévoué.

J. Ingres.


LXXIX
À Armand Cambon.
Dimanche 7 avril 1862.

Mon cher ami, je réponds avec plaisir. Mais ma femme, qui est à mon atelier, à recevoir pour moi la foule qui veut, (que je le dise) admirer mon dernier ouvrage auquel ma vieillesse doit sa part… Mais est-il possible que, le même jour et à la même heure pour ainsi dire, vous m’accusiez réception